On fait des enfants depuis la nuit des temps, sans jamais vraiment se demander si on doit prévoir et préparer la conception en amont. Pour beaucoup c’est un processus simple et naturel qui ne nécessite pas d’efforts particuliers.
Pourtant comme tout évènement physique important, la grossesse devrait se préparer afin que le corps de la maman mais aussi celui du papa soient dans une forme olympique avant la conception.
Après tout le marathonien, comme le sportif de haut niveau travaille sur son corps des mois avant l’évènement, car il sait qu’il va devoir donner une énergie exceptionnelle pour performer et être au top niveau.
Quand on y réfléchit, faire un bébé revient à mélanger le patrimoine génétique de 2 personnes différentes à un instant T. Le père et la mère vont donner au bébé ce qu’ils ont de meilleur mais aussi ce qu’ils ont de moins bon au moment de la fécondation.
Alors pourquoi ne pas mettre toutes les chances de son côté et ne lui transmettre que la crème de la crème !
Faire un super bébé en top santé qui aura les meilleures chances de devenir un adulte fort et sain et qui le restera le plus longtemps possible et si c’était possible, le feriez-vous ?
Cela parait incroyable mais c’est avant même la conception qu’on peut prévenir des dysfonctionnements des futurs bébés qui un jour deviendront adultes. En corrigeant certains aspects biologiques des futurs parents, on impacte directement la santé du futur bébé.
On peut par exemple éviter l’activation ou « expression » de certains gènes délétères en travaillant sur l’épigénétique. On peut aussi combler certaines carences avant la grossesse qui pourraient se révéler néfastes durant et après la grossesse pour le bébé ou pour la maman. Il en est de même pour certaines émotions dont on pourrait arrêter « l’héritage ».
En somme, beaucoup de possibilités existent pour limiter les risques de transmission.
Dans cet article, nous parlerons uniquement de la partie « physique », bien que le sujet de ce qui peut être transmis aux enfants est très vaste et passionnant !
- Avant la conception, l’épigénétique :
Derrière ce terme pompeux se cache un concept fantastique.
Notre environnement, notre hygiène de vie et spécialement notre alimentation peuvent impacter l’expression ou la non expression de certains gènes. C’est ce qu’on nomme l’épigénétique.
Les processus épigénétiques ne transforment pas notre ADN en tant que tel, en revanche ils ont la capacité « d’endormir » certains gènes par un phénomène chimique qu’on nomme la méthylation.
La méthylation de l’ADN est le fait d’ajouter des groupes méthyles directement sur l’ADN, un peu comme si on « collait » des petites molécules tout le long des hélices de notre ADN qui vont agir comme des disjoncteurs et empêcher un ou des gène (s) de s’exprimer.
Par exemple pour vulgariser le procédé, une personne ayant dans le génome de ses ascendants le gène d’une maladie qui se transmet de génération en génération pourrait désactiver ce gène via la méthylation en ayant un capital méthyle suffisant.
Mais alors où trouver ces précieux groupes méthyles ?
Les groupes méthyles sont le résultat de réactions chimiques qui découlent de notre alimentation.
C’est là que la naturopathie et la micro-nutrition jouent un rôle essentiel, le thérapeute va pouvoir vous aider à travailler sur la composition de vos repas et éventuellement sur la complémentation nécessaire à la formation des groupes méthyles, ceci idéalement 12 semaines avant la conception.
Pour que la méthylation ait lieu, les micronutriments nécessaires sont :
– La méthionine : un acide aminé soufré essentiel qu’on ne peut pas fabriquer, on le trouve dans les protéines telles que la viande, le poisson, les œufs, mais aussi dans les noix.
– La bétaïne : un acide aminé fabriqué par le foie à partir de l’oxydation de la choline, que l’on peut aussi trouver dans les aliments tels que la betterave, le son de blé, les germes de blé
– La vitamine B6 : que l’on trouve dans le son de riz, le foie de dinde, le pollen frais de ciste
– La vitamine B9 ou folate : que l’on trouve dans les légumes à feuilles vertes, le foie de volaille, les fèves, le pollen frais.
– La vitamine B12 : que l’on trouve dans les protéines animales, la B12 est nécessaire pour la bonne production de méthionine
– La vitamine B2 : que l’on trouve dans le foie de veau, fromage de chèvre, le pollen frais de ciste… Et qui va potentialiser l’action des groupements méthyles
– Le zinc : connu comme étant un puissant antioxydant, il permet lui aussi de potentialiser l’action des groupements méthyles, on le trouve dans les huitres, le foie de veau, le pain de seigle..
– La Choline : sert à la synthèse de bétaïne, la choline se trouve essentiellement dans le jaune d’œuf et dans les foies des animaux.
Manger des aliments variés, de saison, biologiques est essentiel pour assurer un capital méthyle de qualité et en quantité suffisante.
Parfois une complémentation orale peut être nécessaire en B9 particulièrement dont le statut est vital avant, pendant et après la grossesse mais aussi en B12 pour les végétaliens ou les petits mangeurs de protéines animales !
Toute complémentation doit être personnalisée et doit faire suite à un dosage sanguin.
A noter que l’alcool et le tabac interfèrent négativement dans le processus de méthylation en inactivant certains donneurs de méthyles.
- La magie des micro-nutriments, « focus sur la maman »:
Passons maintenant à la maman uniquement avant, pendant et après sa grossesse.
Certains micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments) sont absolument essentiels au bon déroulement de la grossesse et surtout au bon développement du fœtus.
Les 20 premières semaines de grossesse correspondent à « la phase maternelle », celles durant lesquelles la mère va faire des réserves, les suivantes correspondent à « la phase fœtale » et vont être dédiées au bébé qui va aller se servir dans les réserves selon ses besoins pour sa propre construction. Durant toute la durée de la grossesse les niveaux des micronutriments vont devoir être optimum.
Nous allons passer en revue certains des micronutriments qui doivent être maintenus à niveau :
La vitamine B9 : Encore elle ! On la connait aussi sous le nom de folates ou d’acide folique quand elle est donnée en complémentation. Cette vitamine est essentielle pour éviter toute malformation du fœtus.
La B9 sert entre autres à la fermeture du tube neural du fœtus qui intervient autour du 20ème jour de grossesse. A ce moment, beaucoup de femmes ne savent même pas qu’elles sont enceintes c’est pourquoi il est essentiel d’avoir un statut en B9 suffisant dès que le l’envie d’avoir un enfant se présente.
- Les meilleures sources de B9 :
-Les légumes à feuilles vertes.
-Un super aliment peu connu qu’est le pollen frais de cerisier. Parfait, car naturel et existe en version « bio », c’est le must pour se supplémenter avant et pendant la grossesse de façon gourmande, à saupoudrer sur une salade de fruits par exemple.
-La complémentation orale en acide folique.
Les Acides Gras Essentiels (AGE) : Le gras fait souvent peur car on ne veut pas trop grossir pendant la grossesse. Pourtant, les AGE que sont les oméga 3 (ici c’est le DHA qui nous intéresse) participent au contraire au maintien d’un poids de forme.
Ils ne peuvent pas être synthétisés par notre organisme et doivent de ce fait provenir de notre alimentation.
Ces AGE accomplissent des miracles en tout temps mais encore plus pendant cette période de grossesse.
Les fonctions des AGE :
-Contribuent à la formation du cerveau du futur bébé (le cerveau humain étant composé pour 70% de gras, quand même !!), le DHA est d’ailleurs appelé « acide cervonique ».
-Contribuent à la formation de la rétine du bébé. Quand on sait le temps qu’il va passer sur les écrans les AGE peuvent se révéler utile…
-Un déficit en AGE peut favoriser un accouchement prématuré.
-Un déficit en AGE peut favoriser le post-partum.
- Les meilleures sources d’oméga 3 :
- Les petits poissons gras des mers froides tels que les sardines fraiches ou en conserves à l’huile d’olive (avec les arêtes pour en plus profiter du calcium !!), les maquereaux, harengs, les anchois. Une consommation 3 fois par semaine suffit pour répondre aux besoins en DHA.
- La complémentation en EPA/DHA via des capsules d’huile de poissons.
Calcium : Absolument nécessaire pour la fabrication du squelette du bébé, mais aussi pour la maman afin de maintenir son propre squelette et ses dents en parfaite santé pendant la grossesse. Une carence en calcium peut conduire à une déminéralisation de la maman, car le bébé ira se servir directement dans les os de la maman.
La carence en calcium peut aussi être responsable de la pré-éclampsie, c’est l’hypertension durant la grossesse qui peut apparaitre dans la 2ème moitié de la grossesse.
- Les meilleures sources de calcium :
- Les produits laitiers, privilégier les laits de brebis et de chèvre
- Les légumes verts frais, les graines de sésame, les sardines avec arêtes
- Dans le cas d’une complémentation orale, elle est à prendre 2h après le repas
Vitamine D : En plus de jouer un rôle important dans le système immunitaire, la vitamine D sert aussi à fixer le calcium, il donc essentiel d’évaluer son statut avant la grossesse.
Le soleil joue un rôle essentiel dans la production de vitamine D cependant à certaines latitudes le taux d’ensoleillement ne permet pas une production suffisante. Dans ce cas il est primordial de se complémenter par voie orale.
Il existe de la vitamine D naturelle extraite :
– Du lichen boréal (idéale pour les végétaliens)
– De la lanoline (laine de mouton).
Fer : Le fer contribue à de nombreuses fonctions, il permet entre autres d’assurer le bon fonctionnement du système immunitaire, une bonne production de globules rouges, le bon fonctionnement de la thyroïde.
Les besoins en fer pendant la grossesse sont importants, c’est pourquoi le statut en fer avant la grossesse est essentiel pour éviter toute carence martiale.
Une carence peut conduire à différents dysfonctionnements tels qu’un bébé prématuré ou avec un petit poids, un développement cérébral ralenti.
A noter que le fer doit être absolument dosé avant toute complémentation orale.
- Les meilleures sources de fer :
- Le boudin noir, le foie, les lentilles, la spiruline
- La complémentation orale existe aussi en fer végétale (associé à de la vitamine C). Toute complémentation de fer doit être induite par une prise de sang.
Iode : l’iode est essentiel au développement de la thyroïde du bébé et donc de son métabolisme général.
Toute carence pourra entrainer un retard cérébral ou un retard de développement physique.
L’iode doit être dosée dès le désir de grossesse.
- Les meilleures sources d’iode:
- Les huitres (avant la grossesse !!)
- Les poissons (pensez aux petits poissons gras )
- Les algues (dulse, wakame, laitue de mer..)
- Pensez au se sel iodé pour cuisiner
En conclusion, si l’alimentation et le mode de vie sont équilibrés alors la grossesse (conception et déroulement) se passeront au mieux et sans difficultés.
Bien manger, varié, frais et biologique (dans la mesure du possible) sont des pré-requis essentiels, mais souvent ignorés.
Un accompagnement peut être envisagé pour vous y aider, n’hésitez pas à faire appel à un naturopathe spécialisé en accompagnement de la (péri) conception !
Faiza Soummar
Naturopathe