L’IMMUNITÉ DES TOUS PETITS
Comme pour les adultes, il est nécessaire de préparer le système des jeunes enfants dès leur plus jeune âge.
L’arrivée en crèche ou à la maternelle, dans un environnement différent déclenche souvent des pathologies en « ites », conséquences d’un système immunitaire immature.
Les enfants se retrouvent tout d’un coup projetés dans un monde plein de bactéries, virus et autres microbes qu’ils n’avaient jusque-là jamais rencontré. Le branlebas de combat pour leur petite armée immunitaire en plein recrutement, qui se retrouve tout d’un coup dépassée par les évènements…
C’est alors qu’un nouveau monde hostile, mais aussi plein de possibilités s’offrent à eux pour les préparer à la longue route qui va les lier pour le reste de leur vie à leur santé!
Les 1000 premiers jours ….
L’immunité des enfants commence réellement avant la conception, avant même d’être dans le ventre de la maman ce système formidable commence à se mettre en place, doucement mais surement.
Les parents ont donc déjà très tôt la lourde tâche de préparer leur enfant à la dure réalité de la santé. Une responsabilité certes, mais aussi une chance d’agir sur l’avenir des futures générations, on appelle ces 1000 premiers jours, c’est la « fenêtre d’opportunité ».
Pas de pression, la nature est bien faite et voici quelques conseils pour vous y aider.
La péri-conception et la grossesse (3 mois avant et toute la durée de la grossesse)
Tout commence par l’épigénétique, c’est l’impact de l’environnement sur le développement physique, mental de l’enfant en devenir. Ce processus est directement lié à l’alimentation et spécialement à 3 vitamines du groupe B : B2, B9, B12, à un acide aminé la méthionine, également à plusieurs cofacteurs tels que le zinc, le magnésium…
Ces vitamines permettent la production de groupes méthyles, nécessaires à la bonne expression des gènes du futur enfant.
Comme souvent il s’agit de manger varié, sain et vrai… En d’autres termes, manger des légumes, des poissons, du bon gras, de la viande de façon raisonnée, le tout avec le moins de toxiques possibles (pesticides, antibiotiques…), de bien s’hydrater et surtout de bouger son corps souvent.
Le régime idéal est alors le régime méditerranéen qui regroupe toutes ces promesses !
De l’activité physique, mettre son corps en mouvement est la base de la pyramide de la santé. La sédentarité même avec un régime équilibré est le pire ennemi de la bonne santé dans la durée. On parle ici de marche ou de sport, aucune injonction si ce n’est de bouger, peu importe la façon dont on choisit de se mettre en mouvement !
Une base de légumes crus, cuits, de saison idéalement bio ou issus d’un réseau en agriculture raisonné avec le moins de toxiques et autres perturbateurs endocriniens possibles.
Des glucides idéalement complets et sans gluten moderne, variés tels que sarrasin, quinoa, riz noir, rouge, fonio, sorgho, patate douce et autres légumes racines… Le choix est vaste, n’hésitez pas à explorer les confins des étals des marchés et autres magasins bio, prenez des risques, gouter et essayez des nouveautés pour le plaisir de votre microbiote et celui de vos rejetons!
Des protéines animales avec une dominantes de petits poissons gras (pour éviter les métaux lourds qui sont des poisons des mitochondries). Ces petits poissons tels que la sardines, maquereaux, harengs, anchois sont aussi riches en acides gras polyinsaturés tels que les oméga 3 EPA DHA, si important au développement cérébral, nerveux et à la rétine du bébé et aussi de la maman.
Ils apporteront aussi la dose nécessaire en iode, en fer, calcium, vitamines liposolubles (A,D,E), tous nécessaires au bon fonctionnement général de l’organisme.
Les œufs (extra frais et bio), le fromage, l’association de céréales et de légumineuses sont également des protéines complètes intéressantes à intégrer dans le régime alimentaire des parents avant et pendant la conception.
Faire de l’eau sa boisson de référence, le vin rouge dans le régime méditerranéen apporte lorsqu’il est consommé avec modération, son lot d’antioxydants (resveratrol). A noter que l’alcool est exclu du régime alimentaire de la femme enceinte et allaitante.
Notre alimentation étant de plus en plus vide de micronutriments du fait des modes de production, on parle de famine micro-nutritionnelle, il est judicieux et nécessaire d’intégrer certains « supers aliments » dans le quotidien des parents :
Levure de bière riche en vitamines du groupe B et en protéines, sur les salades soupes et légumes.
Le foie de veau bio riche en vitamines du groupe B et en protéines, en fer, en zinc. Les abats sont boudés, mais pourtant très intéressants d’un point de vue micro-nutritionnel.
Le pollen frais de cerisier pour la femme tout au long de la grossesse riche en vitamines du groupe B et source de probiotiques. L’aubépine pour la carence en fer, le ciste pour le microbiote, tellement de possibilités !
Les algues pour l’iode si nécessaire à la thyroïde, dusle, wakame, nori, salicorne… Que de jolis noms exotiques !
Les jus de légumes faits maison à l’extracteur, 2 à 3 fois par semaine pour le plein de vitamines hydrosolubles.
Certaines études ont démontré que résoudre les carences en iode, zinc et fer pendant les 1000 premiers jours, pourrait faire augmenter le QI mondial de 10 points[1]. Incroyable mais vrai !
« Varier son alimentation est la clé de la santé »
La complémentation
Si besoin, ne pas hésiter à se complémenter avant, pendant et après la grossesse. Il ne s’agit pas que de la santé de l’enfant mais aussi de celle de la maman. La grossesse peut entrainer de grosses carences si les statuts de départs ne sont pas optimaux. D’où l’importance de se faire accompagner dès que le souhait de faire un enfant fait son apparition.
La grossesse est une performance physique qu’on oublie trop souvent de souligner, une prouesse de la nature, une mère est un super héros qui met son corps en location sans contrepartie. Il est alors essentiel de redorer le blason des mamans, de les aider et les accompagner au mieux dans ce moment de vie qui est tout sauf normal et simple.
Quoi qu’on puisse en dire !
Mesdames, messieurs faites-vous accompagner pour vivre pleinement et sereinement cette aventure !
Un naturopathe formé à la micro-nutrition vous aidera à définir vos besoins à travers l’anamnèse mais aussi la biologie des deux parents.
La naissance par césarienne :
Si bébé est né par césarienne le focus microbiote va être doublement essentiel.
Bébé n’aura pas été ensemencé par la flore vaginale de maman, à moins que la maternité ai pratiqué le “vaginal seeding” (ou ensemencement vaginal) pratique qui consiste à mettre une compresse stérile dans le vagin de la maman environ 1h avant une césarienne.
À la naissance, on badigeonne l’enfant au niveau de la bouche, du visage et du reste du corps avec la compresse imprégnée du microbiote vaginal de maman. Le microbiote des bébés ayant été inoculés par « vaginal seeding » est plus proche des bébés nés par voie vaginale que des bébés nés par césarienne.
Le vaginal seeding lorsqu’il est fait en respectant les règles sanitaires qui s’imposent est une pratique simple qui pourrait limiter le risque de survenue de pathologies infantiles.
Pour les bébés qui n’ont pas bénéficié de cette pratique alors il faudra se pencher sur le microbiote du nouveau-né et l’aider à se diversifier dès le plus jeune âge, à travers l’allaitement d’abord.
L’allaitement :
A noter que chaque femme est libre de choisir d’allaiter son enfant ou pas, c’est son choix, son droit, sa responsabilité.
La durée de l’allaitement est variable, mais peut se prolonger jusqu’à 18 mois pour certains enfants.
Si la maman choisit d’allaiter, alors tout le travail fait en amont lors de la préparation et l’accompagnement à la grossesse permettra au bébé de profiter de son lait qui apportera [2] :
Des protéines :
Caséines :
– Calmantes
– Anti-infectieuses
– Permettent l’installation du microbiote intestinal de bébé (bifidobactéries et lactobacilles dont le rôle bénéfique sur la santé est essentiel).
Immunoglobulines :
– Défenses immunitaires
Des glucides :
Lactose béta
– Absorption du calcium (squelette de bébé)
– Constitution des membranes (tissus nerveux)
Oligosaccharides
(HMO – Human Milk Oligosaccharides) :
– Prébiotiques qui favorisent le développement des bifidobactéries
– Présents exclusivement dans le lait maternel
Des lipides :
Dont les oméga 3 (DHA)
-Essentiels pour le développement cérébral, nerveux et de la rétine de bébé́
-Essentiel pour la santé à long terme de bébé
Le lait infantile
Pour les mamans qui choisissent de ne pas allaiter par choix ou parce qu’elles ne peuvent pas, le choix du lait infantile va donc être essentiel.
A noter que la législation impose depuis février 2020, que tous les laits infantiles doivent contenir des oméga 3[3]. Le rapport oméga 3/oméga 6 étant un facteur de risque d’obésité. Le lait doit aussi contenir du calcium, du fer …
Ces laits infantiles peuvent aussi être enrichis en probiotiques et autres micronutriments spécifiques à l’immunité directement dans le biberon.
C’est une solution intéressante pour ensemencer la flore de bébé et stimuler son système immunitaire, mais là encore il est préférable de se faire accompagner.
La diversification alimentaire
Elle commence dès l’âge de 5 à 6 mois
Là aussi il existe un risque de stimuler le système immunitaire de bébé trop précocement…
Certains aliments contenant des « antigènes » s’ils sont intégrés trop tôt peuvent alors déclencher des réactions allergiques et entrainer plus tard des pathologies chroniques (obésité, hypertension, diabète). C’est pourquoi la diversification doit se faire progressivement, pas à pas surtout lorsqu’il s’agit de protéines.
Les protéines sont les aliments qui contiennent le plus de « facteurs antigéniques », c’est-à-dire qui peuvent déclencher une réaction immunitaire. Attention également à certains aliments comme les produits laitiers qui peuvent entrainer des réactions inflammatoires et des « leaky gut » très tôt, ce qui n’aide pas pour développer le système immunitaire de l’enfant.
Cette période est aussi essentielle pour intégrer les végétaux peu fibreux, doucement… Peut-être aussi laisser bébé choisir à l’instinct, goûter, découvrir, saliver, mâchouiller… se faire les dents !!
L’arrivée des dents :
Les dents, ça fait mal !
Le fait de laisser bébé mâchouiller des morceaux de fruits peut aider à mieux gérer ce moment difficile. Une fois que les dents sont apparues alors il est temps de le familiariser avec cet outil de la santé absolument essentiel.
Le rôle de la mastication est bien trop sous-estimé, l’éducation à cette pratique doit pourtant se faire dès le plus jeune âge, sans quoi on voit des adolescents et aussi des adultes engloutir leur repas comme s’ils n’avaient qu’un long tube directement connecté au rectum … Gros problème !
Rappelons-nous que notre estomac n’a pas de dents et que la mauvaise mastication est responsable de très nombreuses pathologies, maladies, dysfonctionnements… Tout commence dans la bouche, très tôt.
C’est la seule étape de la digestion que nous maitrisons mais c’est également le premier maillon indispensable au bon déroulement de toutes les étapes qui vont suivre, c’est en outre un « maillon faible » qui va donner le rythme au reste du tube digestif.
La destruction de l’identité antigénique commence dans la bouche, la digestion des amidons commence dans la bouche, Au cours de la mastication, les aliments sont mécaniquement coupés, déchiquetés, broyés par les dents, et imprégnés de salive afin de permettre la libération des nutriments qu’ils contiennent.
Une mastication insuffisante va prolonger la période de digestion, les aliments pouvant rester jusqu’à 10 heures dans le tube digestif !
Bref vous l’avez compris la mastication est l’alliée de l’immunité, c’est probablement une nouveauté pour vous… Mais c’est tellement vrai… Bien évidemment le brossage de dents donnera aussi le ton à cette immunité, de bonnes dents en bonne santé pour une bonne immunité, qu’on se le dise !
Ces conseils ne sont que des pistes parmi bien d’autres possibilités, c’est pourquoi il est toujours intéressant de faire un RDV pour encore plus de personnalisation dans l’accompagnement.
Chaque enfant, chaque maman et chaque papa a sa propre identité et ses propres polymorphismes bien spécifiques. Nous sommes tous différents, ce qui est valable pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre.
N’hésitez pas à prendre RDV !
Faiza Soummar
Naturopathe – Micronutrition
[1] Morris SS, Cogill B, Uauy R. Effectgive international action against undernutrition : why has it proven so difficult and what can be done to accelerate progress ? The Lancet. 16 fev 2008. 371 (9612) : 608-21
[2] Les échos de la micronutrition
[3] Règlement 2016/127/EC* de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Authority – EFSA)